Warning: file_exists() [function.file-exists]: Unable to access /mnt/104/sdb/a/7/frankmargerin/or/templates/skins/audax_bd/img/style.css.php in /mnt/153/sdb/a/7/frankmargerin/interviews2.php(1) : eval()'d code on line 1 Frank Margerin
Lucien, le rocker sincère, un peu maladroit, fan des
Stray Cats, de rock'n'roll, de bières et de virées
entre copains est de retour sous le trait clair de son géniteur,
l'affable et discret Frank Margerin. Lucien a beau avoir cinquante
balais, une banane poivre et sel, quelques kilos en plus, vivre
en couple avec ses deux enfants, il reste toujours à
la fraîche. Fin prêt à héberger son
pote Riton, dans la mouise jusqu'au cou, ou chaud comme la braise
à l'idée de rebrancher les amplis avec Gillou
et compagnie. C'est la bonne nouvelle de ce neuvième
opus : Lucien n'a pas foncièrement changé. Nous
avons rencontré Frank Margerin à Bruxelles. Hail
! Hail ! Rock'n'roll.
Difficile de commencer cette rencontre sans vous demander
pourquoi Lucien a été mis en veilleuse pendant
neuf ans ?
J'ai été contacté par le rédacteur
en chef de L'Echo des Savanes pour créer une nouvelle
série. Momo le coursier a vu le jour. J'ai eu envie,
ensuite, d'installer le personnage, et j'en ai fait trois albums,
qui m'ont pris à peu près quatre ans. J'ai fait
aussi Shirley et Dino et, au bout du compte, huit ans se sont
écoulés. Cela dit, je suis ravi de retrouver Lucien.
C'est un peu le prolongement de moi-même et c'est aussi
l'occasion de retrouver mes potes : les copains de Lucien sont
inspirés de certains copains à moi. Chaque fois,
j'aime bien faire un petit break, sans enchaîner systématiquement
les albums. Par contre, il me manque très vite.
La grande nouveauté de « Toujours la banane
», c'est que contrairement aux autres, vous n'hésitez
pas à faire vieillir votre héros d'une trentaine
d'années et d'autant de kilos !
C'est vrai, je dois être le seul. Si les auteurs avaient
un peu d'humour, ils pourraient jouer avec ça, même
si ça ne peut pas s'appliquer à tous les héros.
Avec Tarzan, ce serait impensable. S'il ne sait plus tenir une
liane ou foutre une branlée à n'importe quelle
bestiole venue, ça ne le fait plus.
Pourquoi avoir vieilli Lucien ?
Parce que j'en ai marre que le fossé se creuse entre
lui et moi. Je me vois mal, à 80 ans, dessiner les aventures
d'un petit loubard de 20 ans. Je me suis rapproché de
lui. Il a des enfants, comme moi. Une femme, aussi. Je me suis
beaucoup impliqué dans ce personnage. J'ai retrouvé
Lucien, comme un vieux copain que je n'avais plus vu depuis
vingt ans. Il a grossi mais, dans le fond, il n'a pas changé
vraiment. On peut rester très jeune dans la tête
et ne pas changer du tout.
Le thème de cette nouvelle aventure est qu'on ne
change pas vraiment en vieillissant. Une bonne ou une mauvaise
chose ?
C'est une bonne chose. On n'est pas obligé de râler
tout le temps. Parfois, on est un peu frustré parce que,
comme on a 20 ans dans la tête, le physique ne suit pas
toujours. J'ai arrêté le football. Je continue
certains sports comme le trial à l'ancienne, je fais
aussi des arts martiaux, du jiu-jitsu c'est un sport
assez tranquille et ça entretient le corps. J'ai 56 ans.
Quand je danse un rock avec une nana, je n'en enchaîne
pas un autre dans la foulée.
On a le sentiment que c'est le plus personnel de vos albums
C'est le cas ?
C'est en tout cas celui où je me reconnais le plus en
Lucien. Ma femme, même si nous sommes aujourd'hui séparés,
passait sa vie sur l'ordinateur, comme dans le bouquin
Mon fils, c'est pareil. Toujours entre sa PlayStation et les
jeux en ligne sur l'ordinateur. Et ma belle-fille, comme la
fille de Lucien, a été punk, gothique, baba cool
Elle est passée par tous les looks.
Quelles sont vos espérances avec ce retour de Lucien
?
J'ai toujours l'impression qu'il aurait pu être dix fois
mieux, je suis ultrastressé. Les premiers copains l'ont
lu mais ce sont des copains. Certains ne m'ont pas appelé.
Je me suis fait une vieille parano, j'ai cru qu'ils n'aimaient
pas alors qu'ils n'avaient pas eu le temps de le lire. Ce qui
m'a rassuré, c'est le monde, lors des dédicaces.
Momo Le coursier a eu son succès d'estime, mais sans
jamais vraiment décoller. Pareil pour Shirley et Dino.
J'avais le sentiment que le public boudait. Ici, j'ai vu plein
de gens contents de retrouver Lucien, ça fait chaud au
cur. Une dame en a acheté six pour les offrir à
Noël.
Ça veut dire que vos fans attendent uniquement Lucien
Ils l'aiment. J'ai voulu faire avec Momo ce que j'ai fait avec
Lucien qui avait aussi mauvaise presse avec son blouson noir.
Montrer qu'on peut être sympa avec un tel blouson. Mais,
les fans de Lucien n'ont pas accroché ou l'ont zappé.
Lucien est nostalgique sans être pathétique
Je prépare une série de sketchs pour Fluide
Glacial, où il racontera « De mon temps,
c'était mieux ! » , il y aura beaucoup de
mauvaise foi. Le texte dira une chose et l'image sera en contradiction.
Il y a eu de très bonnes choses dans les années
60, une certaine insouciance. On pouvait jouer dans la rue sans
avoir peur, il y avait moins de chômage, etc. On peut
être nostalgique mais on ne peut pas dire à nos
enfants qu'on a vécu une époque géniale
et que la leur est pourrie. Faut pas les enfoncer. J'ai le cul
entre deux chaises. Je vis à mon époque et dans
le passé. J'adore la moto mais je roule exclusivement
sur de vieilles bécanes. J'ai encore énormément
de vinyles. Par contre, je n'écoute pas de MP3. Je ne
télécharge pas beaucoup. Ces derniers temps, j'ai
bien aimé Jack Johnson, c'est agréable pour travailler.